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tafia ; le sucre et le sirop étaient soumis à l’impôt foncier, les deux derniers produits au droit de patentes. Homme de bien, citoyen éclairé, fonctionnaire irréprochable dans sa gestion, M. Féry jouissait à juste titre de la considération générale, non-seulement à Jérémie, mais dans tout le pays. En le voyant refuser de payer ces impôts, les contribuables durent se croire autorisés à un pareil refus. Le général Segrettier dénonça le fait et le fonctionnaire au chef de l’État[1]. Mais à cause des égards qu’il devait à M. Féry, le Président envoya à Jérémie le sénateur Bazelais, avec la mission de le persuader de revenir sur sa détermination, présumant bien que les autres contribuables se guideraient encore sur lui. Cette mission eut tout le bon effet que désirait le Président, M. Féry s’étant laissé persuader, s’il ne fut pas entièrement convaincu[2].

Peu après, le 2 mars, la corvette anglaise la Dee arriva de la Jamaïque, ayant à son bord M. Courtenay, nommé consul général à Haïti et plénipotentiaire de S. M. B., chargé de proposer au gouvernement de faire « un traité de commerce et de navigation, » entre la Grande-Bretagne et la République. Admis par le Président, deux jours après son arrivée, M. Courtenay entra bientôt en conférences avec MM. Imbert, Voltaire et Inginac, grands fonctionnaires, et le sénateur Gayot. Mais elles ne tardèrent pas à être rompues par divers motifs.

Le plénipotentiaire anglais proposa : 1o que ses nationaux eussent la faculté de construire des temples pour les divers rites religieux qu’ils professent, et des cimetières particuliers pour les inhumations ; 2o l’admission des noirs

  1. Le général Segrettier était d’ailleurs en mésintelligence avec M. Féry.
  2. Nous dirons bientôt les motifs particuliers que M. Féry a pu avoir pour refuser de payer ces impôts.