Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/384

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qu’il l’assurait de sacrifier tous les blancs qu’il tenait dans les casernes. »

Que ressort-il de cette partie de la narration ? C’est que les nègres de la ville comme ceux venus de la plaine, en se portant à ces excès, à ces assassinats, prirent parti pour les mulâtres et les nègres de la légion sous les ordres de Montbrun ; mais que ce ne fut pas le fait de celui-ci. Nous ne nions pas ces coupables abominations, dont le nombre a peut-être été exagéré ; mais comment Montbrun eût-il pu les empêcher, pendant la nuit, dans la vaste enceinte du Port-au-Prince et hors de ses murs, alors qu’il avait dû se tenir à la tête de la légion ? Nous voyons néanmoins qu’il fît conduire aux casernes, gardées par cette troupe, tous les blancs qu’il put arracher à la fureur de ceux qui les poursuivaient. S’il est vrai que Sonthonax donna, ordre de former des patrouilles pour les protéger, c’est une preuve de plus que son autorité ne fut pas méconnue de Montbrun, En souscrivant aux conditions imposées par celui-ci, quant à l’embarquement de Desfourneaux et de sa troupe, le commissaire fît un acte de prudence pour les sauver et sauver les autres blancs ; car il dut reconnaître que leurs jours étaient en danger, par le concours des nègres de la ville et de la plaine donné à la légion. Par sa proclamation du 1er mars, ne voit-on pas qu’il redoutait déjà de tels événemens ? En ce moment, il dut se convaincre que les nègres ne pouvaient pas épouser son ressentiment contre les mulâtres : au Cap, il les avait déjà vus se réunir pour chasser les blancs.

Comment donc admettre cette ridicule assertion de, Malenfant, qui prétend « que Hyacinthe, le chef des noirs de la plaine, arriva au Port-au-Prince avec plus de six