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dit-il, en évitant une embuscade posée contre lui par Biassou. L’inimitié qui existait entre eux doit faire admettre la réalité de ce fait, très-probable de la part de Biassou. Mais nous voyons aussi que, dès son arrivée à la Marmelade, ses troupes attaquent le Dondon où sont celles de Biassou, qu’il y a des morts et des blessés ; et en même temps, elles vont attaquer celles qui se trouvent à l’habitation Larivière, près d’Ennery, qui est saccagée après combat. Selon Toussaint, ces combats n’ont eu lieu qu’en dépit de ses prières et de ses protestations ; ses troupes irritées, en fureur et sans frein, n’ont pas voulu l’écouter.

Libre au lecteur d’ajouter foi à sa version : pour nous qui croyons à la résolution de Toussaint, nous pensons que ses troupes n’ont combattu celles de Biassou que par ses ordres, parce que nous croyons aussi à l’empire qu’il exerçait sur ses soldats, et que nous le trouvons excusable de déclarer la guerre à son ennemi qui lui a tendu une embuscade. Dans tous les cas, l’état de guerre existe entre lui et Biassou ; et sur cette information, Don Cabrera a fait arrêter Moïse et toute sa famille qu’il a relâchés ensuite. « Je ne vous cache pas. Monseigneur, dit-il à Don Garcia, que cette démarche que vient de faire M. le commandant général à mon égard et celui de ma famille, m’a singulièrement frappé ! »

Toussaint Louverture est bon mari, bon père, bon parent ; on le représente ainsi dans tous les ouvrages qu’on a publiés à son sujet. Moïse et sa famille sont devenus libres, il est vrai ; mais ne lui faut-il pas une vengeance éclatante de ce fait, commis par Don Cabrera qui a vu ses dispositions à se réconcilier avec Biassou, tandis que celui-ci s’obstine à s’y refuser ? Que peut-il attendre de