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rend coupable du crime de félonie et de haute trahison au premier chef.

La conduite de Biassou a mérité l’admiration générale. Nous dénonçons son perfide subalterne comme assassin, comme traître au Roi. Nous nous joignons aux sujets fidèles pour soutenir sa plainte, et nous demandons que la tête du coupable tombe.

Il l’est, comme ayant séduit les troupes auxiliaires pour assassiner leur chef ; il l’est encore comme ayant, contre les promesses sacrées du Roi, promis la liberté à tous les esclaves déjà rentrés dans l’ordre et le devoir ; il l’est, pour avoir conçu le projet horrible d’assassiner tous les blancs ; il l’est, pour avoir commencé à mettre à exécution ce plan horrible, en assassinant trois blancs sur l’habitation Larivière ; il l’est, et ceci est un crime d’État au premier chef, en faisant feu sur une patrouille de la milice royale, et pour avoir fait prisonniers deux hommes de cette patrouille ; il l’est, comme ayant tendu un piège perfide pour se rendre maître de là personne du brigadier Don Joachim de Cabrera ; il l’est enfin, comme ayant intercepté la communication des Gonaïves à Saint-Michel, et d’avoir exposé les garnisons de ces deux places à souffrir d’une famine infaillible, si on n’apporte le plus prompt remède. Voilà les grands intérêts qui ont déterminé notre députation à joindre nos plaintes à celles du général Biassou.

Ceux qui ont prêté des vices à ce général, en cachant ses vertus, sont coupables d’infidélité. Nous protestons tous, sous la foi et la loyauté que nous devons à notre Prince, qu’il est digne de sa confiance, qu’il s’est toujours montré comme un sujet fidèle, qu’il a mérité l’estime et la reconnaissance de tous les gens de bien.

Laplace, député.

Fort-Dauphin, le 4 avril 1794.


En faisant la part des exagérations contenues dans cet exposé, nous voyons qu’il confirme et explique fort bien tout ce que nous venons de remarquer, dans les deux dépêches de Toussaint Louverture à Don Garcia.

On y démêle les causes de la querelle existante entre Toussaint et Biassou. Celui-ci veut que son ancien secrétaire et aide de camp reste toujours son subalterne, son subordonné, tandis que Toussaint, qui a pris le titre de