Les Espagnols ne sont point en force à Saint-Raphaël ni à Saint-Michel ; mais ils se fortifient, en s’entourant avec des pieux, et je me persuade qu’il n’y a rien à craindre de leur côté.
Quant aux moyens pour instruire les commissaires civils de mon retour et des évènemens qui ont eu lieu, je crois bien que la communication au Port-Républicain est interceptée, et qu’il n’est guère possible de leur faire part de ce qui en est, à moins que vous ne leur expédiiez un bateau pour cet effet. Je m’informerai cependant du citoyen Blanc Cazenave s’il n’y aurait point quelque moyen.
Voici, général, la situation exacte de tout. Veuillez, je vous prie, m’envoyer des munitions de guerre. Vous jugerez par vous-même de la quantité qu’il me faudra dans la circonstance présente.
Cette longue lettre, on le voit, est la première que Toussaint Louverture adresse à Laveaux depuis sa soumission. Comme elle peint bien l’homme qui vient de changer de drapeau ! Mais, comme il s’efforce aussi de prendre, à l’égard de Laveaux, une position qui oblige celui-ci à compter avec lui !
Le gouverneur lui dit qu’il a été induit en erreur, en suivant la bannière espagnole ; et s’il semble en convenir par une sorte d’humilité chrétienne, c’est pour lui dire avec amour-propre que ce n’a pas été sans connaissance de cause, et il lui rappelle en même temps qu’avant les désastres du Cap il avait fait des démarches qu’on a dédaignées. Ainsi, il n’était resté au service de l’Espagne que par sa volonté, et quand il vient se ranger sous le drapeau tricolore, il n’entend pas se soumettre à merci.
Pour donner plus de poids à sa prétention, il parle de ce pavillon qu’il a fait flotter aux Gonaïves, après avoir chassé les Espagnols et les émigrés. Ces derniers sont Français, il