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été défendu, qu’il a été mal soigné par le commandant.

Veut-on savoir le motif de cette réflexion de Sonthonax, après l’expression de la vérité sortie de sa bouche ? C’est qu’avant de partir de Saint-Domingue, Polvérel et lui avaient accusé Montbrun d’avoir livré, par trahison, le Port-au-Prince aux Anglais ; c’est qu’en arrivant en France, ils l’en avaient accusé par-devant le comité de salut public.

Cependant, le 2 juin, les deux commissaires nommèrent Martial Besse commandant provisoire de la province de l’Ouest, ils le firent en ces termes :

« Les blessures honorables dont s’est couvert hier le général Montbrun à la défense du poste de Bizoton, ne lui permettant pas d’agir avec son zèle et son activité ordinaires dans une circonstance aussi urgente, avons provisoirement et pendant le temps de sa maladie, nommé le colonel Martial Besse, commandant militaire à Jacmel, gouverneur de la province de l’Ouest, pour en exercer les fonctions, etc., etc.[1] »

Accompagnés de J. Boyé, les deux commissaires parcoururent tous les postes de la ville et firent reconnaître Martial Besse en sa nouvelle qualité.

Par tous les antécédens connus des militaires de la légion de l’Ouest, on peut concevoir que cette nomination de Martial Besse n’était pas propre à les satisfaire. Ils étaient attachés à Montbrun et n’ignoraient pas la rivalité de son remplaçant ; celui-ci, homme du Nord, inféodé à Sonthonax, devenait à leurs yeux un nouveau Desfourneaux, pire que l’ancien par sa brutalité : ses dépêches de Jacmel le prouvent assez. Cette circonstance suffit à expli-

  1. Note insérée à la lettre de Montbrun à Laveaux, déjà citée.