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parlant de P. Dieudonné et de Pompée : « Endoctrinés » par Sonthonax, ils ne parlaient que d’égorger tous les anciens libres, blancs, noirs et de couleur. • » Et dans une note il dit que « Pierre Dieudonné prenait le titre de commissaire civil et a « déclaré qu’il tenait ses pouvoirs de Sonthonax. » Mais, si nous savons défendre Pinchinat contre les injustes inculpations de Sonthonax, nous devons anssi défendre ce dernier contre les injustes insinuations de Pinchinat : évidemment, celui-ci insinue que son adversaire, son ennemi, si l’on veut, aurait excité les purs Africains à égorger blancs, nègres et mulâtres anciens libres.

Nous le demandons à nos lecteurs : la mission de l’historien est-elle de tout admettre sans discussion, aveuglément, soit qu’il s’agisse de traditions populaires ou même de documens écrits ? Ne faut-il pas faire la part des passions des hommes et de leurs erreurs, quelque estime d’ailleurs que nous conservions pour eux ?

En écrivant sa phrase, Pinchinat était passionné lui-même.

Enfin, nous avons déjà cité un mémoire de Rigaud, en réponse aux accusations injustes de Sonthonax contre lui et les hommes de couleur du Sud, en 1796. Lorsqu’il parle aussi de Pierre Dieudonné et de Pompée, qu’il a fait arrêter au commencement de cette année, nous voyons qu’il attribue uniquement à l’influence d’un blanc nommé Beaudouin, zéle partisan des émigrés, l’âme et le conseil de leurs opérations (de ces deux noirs), le mal que ces hommes faisaient et voulaient encore faire. Mais Rigaud n’attribue rien à ce sujet aux conseils de Sonthonax ; et, certes, s’il en savait quelque chose, l’occasion était belle pour lui !