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lieu ; celles-ci portèrent à la somme de 438 mille livres, ce qui n’avait produit l’année précédente que 152 mille livres : de là une inimitié violente contre ces deux fonctionnaires. En même temps, les officiers et même les soldats des trois régimens de la garnison du Cap demandèrent des avances sur leur solde, en toiles et autres marchandises existant dans les magasins de la République, qu’ils furent forcés de leur délivrer pour éviter des troubles.

Quel mal y avait-il donc, pour l’administration, à payer la solde à ces militaires, qui avaient rempli leurs devoirs et souffert tant de privations, en objets dont ils avaient besoin ? N’était-ce pas pour eux qu’on les achetait ?

C’est ici l’occasion de dire ce que nous trouvons dans un écrit publié en 1797, par un blanc nommé Gatereau, qui avait été journaliste au Cap. Nous ne pouvons garantir l’exactitude de son récit ; mais il peut du moins nous conduire à entrevoir la vérité dans ce qui se passait de la part de Perroud et de Laveaux.

Gatereau affirme que Henri Perroud était venu dans la colonie avant la révolution, chargé par la maison Journu-Aubert, de Bordeaux, de vendre les cargaisons qu’elle envoyait au Port-de-Paix, et dont il fit une mauvaise gestion. Il l’accuse encore d’avoir contribué aux persécutions exercées dans cette ville, en 1791, contre les hommes de couleur. Nous citerons des écrits de Perroud qui confirment pleinement ses mauvais sentimens à l’égard de ces hommes. Dans tous les cas, on peut avec raison supposer qu’ayant été nommé par Laveaux à la charge d’ordonnateur, et trouvant ce général si prévenu contre eux, Perroud devait s’attacher à lui complaire à ce sujet, à partager ses préventions et à les exciter même. Ce n’est pas dans le moment où il venait d’être confirmé dans sa charge