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teurs ; c’est en ce moment, dis-je, que je reçois votre lettre de ce jour qui demande votre démission !

« La loi du 4 brumaire an vi règle, il est vrai, les limites des nouveaux départemens de Saint-Domingue ; mais elle ne saurait empêcher les moyens propres à rétablir l’ordre, la tranquillité, l’union. Il ne s’agit pas non plus de ce que faisait mon prédécesseur, dans les circonstances où il se trouvait : il nous faut tous de commun accord sauver la chose publique.

« Je vous considère avec raison, citoyen général, comme l’un des principaux bienfaiteurs de la France à Saint-Domingue. Pensez-vous qu’à l’instant où vous allez jouir de votre réputation, en dépit de ceux qui l’ont calomniée ; où vous allez rendre à la patrie de nouveaux services, croyez-vous que je puisse consentir à votre demande ? Il faudrait pour cela que je fusse l’ennemi de la France à Saint-Domingue, de vous et de

L’agent particulier, Roume.

Le même jour, cet agent adressa une nouvelle lettre à Rigaud ; il lui disait :

« Je vous invite instamment, citoyen général, de venir conférer avec moi demain à onze heures du matin ; car il me paraît impossible qu’après avoir déjà rendu tant de services signalés, vous refusiez de mettre la dernière main à votre ouvrage. Vos deux lettres me déchirent l’âme.  »

Il paraît que s’étant rendu le lendemain auprès de Roume, Rigaud, par condescendance pour lui, pour prouver sa soumission à l’agent du gouvernement français et le désir qu’il avait d’éviter toute mésintelligence, toute guerre civile, consentit à remettre à Laplume le Grand-Goave et le Petit-Goave, mais nan pas Miragoane. Roume