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pris subirent la mort. Demuzaine déclara qu’il avait été fait prisonnier par ces brigands. Amené pardevant Laplume, celui-ci lui demanda publiquement la note qu’il l’avait chargé de prendre de tous les complices de Marlot : Demuzaine l’avait déjà remise à un autre colon nommé Duval, secrétaire de Laplume, un des furieux de cette époque. Cette particularité prouve que Laplume n’ignorait pas la combinaison des colons qui, probablement, s’étaient entendus aussi avec T. Louverture pour arriver au résultat désiré : car, Collet devint l’un de ses intimes conseillers. Laplume, enfin, subjugué par l’influence des colons, témoigna le plus vif regret de la mort de Rousseau, tué avec ceux dont il avait épousé la cause.

Après ce succès du machiavélisme épouvantable de ce temps d’horreurs, une foule d’individus furent tués aux Cayes, les uns mitraillés, les autres noyés, fusillés, baïonnettes, poignardés. Une partie fut expédiée à Jacmel, d’où Dieudonné Jambon les envoya à Léogane, liés et garottés, sous la conduite du chef de bataillon Lacroix, noir, de sentimens honorables dans tout le cours de sa longue vie, lequel eut pour ces prisonniers les plus grands égards[1]. De Léogane au Port-au-Prince, un infâme conducteur contraignit ces infortunés à trotter, quoique liés, et à faire huit lieues en cinq heures.

Nous regrettons de ne pas connaître le nom de ce barbare, pour le signaler au mépris de la postérité, comme nous recommandons Lacroix à son estime.

Envoyés ensuite à Saint-Marc, quelques-uns furent incorporés dans la 4e demi-brigade par Dessalines, le reste fusillé ou baïonnette par les ordres de T. Louverture.

  1. Lacroix, parvenu au grade de général de division et à 80 ans environ, est mort au Port-au-Prince, en janvier 1852.