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mandée, l’un par Monpoint, autre noir honorable, et Morisset, homme de couleur, d’une grande réputation, tous deux également du Nord. Les officiers inférieurs étaient aussi des noirs et des hommes de couleur, mêlés à de jeunes colons blancs, de l’ancienne noblesse de Saint-Domingue, tels que O’Gorman, Saint-James, propriétaires au Cul-de-Sac : ces derniers avaient servi dans les troupes anglaises.

Un riche costume fut donné à cette garde d’honneur : c’était celui des anciens gardes du corps des Rois de France. L’homme du Nord, l’ancien serviteur de la cause de Dieu et des Rois, se peignait dans le choix de ce costume. Les hommes qui composaient cette garde avaient été choisis parmi les meilleurs des demi-brigades de l’armée : leur discipline était admirable sous de tels chefs et sous les yeux de T. Louverture ; ils étaient déjà parfaitement exercés dans leur métier ; ils acquirent par la suite plus d’aplomb.

Quand T. Louverture employait dans sa garde d’anciens colons nobles, c’est dire qu’il s’attacha aussi à remplir les tribunaux et toutes les administrations des autres colons : partout ils occupaient les meilleures places. Ceux qui n’étaient pas employés n’en étaient pas moins accueillis avec faveur[1]. Les prêtres surtout étaient plus que jamais l’objet de ses soins, de sa protection particulière ; ils y répondaient du haut de la chaire, dans le confessionnal, en exhortant les esprits à la soumission envers celui dont Dieu avait fait son Élu.

Ayant appris que l’ancien gérant de l’habitation Breda

  1. À cette occasion, Pamphile de Lacroix dit que T. Louverture abolit le calendrier de la République française. Ce n’est pas vrai ; tous ses actes jusqu’à l’arrivée de Leclerc portent les dates et les mois de ce calendrier.