Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/299

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d’autres intentions que de prendre purement et simplement possession au nom de la République, et je vous assure que vous répondrez mille et une fois de tous les événemens qui surviendraient d’un refus opiniâtre de votre part. »

En arrivant à Azua et avant d’avoir reçu la lettre de Don Garcia, T. Louverture avait envoyé des députés, pris parmi les habitans de cette ville, auprès du cabildo de Santo-Domingo, pour rassurer ceux de la capitale sur ses bonnes intentions de les traiter favorablement : il espérait que ces députés rendraient compte de la manière dont il avait agi envers les habitans depuis qu’il avait franchi les limites ; il les avait effectivement traités avec égard, n’ayant rencontré aucune résistance. Mais en même temps, ses troupes marchaient avec rapidité vers Bany dont elles s’emparèrent.

Don Garcia s’était flatté qu’il suffisait de sa lettre du 6 janvier, pour porter T. Louverture à retourner dans la partie française, et d’autant plus que par celle datée de Saint-Jean, le général en chef lui disait qu’il attendait sa réponse dans ce bourg. Mais quel fut son étonnement, lorsqu’il apprit la présence des troupes noires à Bany ! C’est alors que le gouverneur fît tirer l’alarme à Santo-Domingo, et chercha à disposer les habitans à la résistance.

« Tout le monde était bien convaincu de la nécessité de résister, dit A. Chanlatte dans un rapport au ministre de la marine, du 28 mai 1801 ; mais chacun craignant de compromettre son existence, celle de sa famille et-ses propriétés, cherchait à se dispenser de paraître. Il n’y avait personne qui ne désirât la défaite et l’extermination des envahisseurs ; mais presque tous, incertains du succès, renonçaient à partager les fruits de la victoire. »