Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/309

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compris. Aussi est-il défendu, dans la partie française, d’embarquer avec soi ni domestique, ni cultivateur, afin de conserver à la culture les bras qui lui sont destinés, et les empêcher de tomber entre des mains étrangères et ennemies qui en profiteraient.

Veuillez, Monsieur le Président, prendre cet exposé en considération, en ordonnant le débarquement des noirs qui sont en ce moment à bord du trois-mâts prêt à mettre à la voile, et en ordonnant qu’il n’en soit plus embarqué. Je vous demande aussi, au nom de la République, que vous fassiez revenir l’atelier de l’habitation Aristisabal, sans lequel cette belle habitation se verrait anéantie. Dans l’état actuel des choses, il est de notre honneur à tous les deux que nous agissions, dans ce qui nous reste à terminer pour l’intérêt des deux nations, avec franchise et loyauté, afin qu’il ne soit porté aucune atteinte aux droits respectifs des deux nations que nous représentons.

M. Madiou affirme que : « Un nouvel ordre de choses fut aussitôt établi dans la partie de l’Est. Toussaint réunit sur la grande place de la ville toute la population, et proclama la liberté générale des esclaves. Les noirs de l’Est devenus libres virent dans Toussaint un Dieu libérateur. Mais les Dons espagnols en ressentirent une a forte indignation qu’ils furent cependant obligés de contenir. »

Tout cela résulte sans doute de traditions orales ; car nous ignorons si T. Louverture a fait aucun acte écrit sur la liberté générale des noirs de la partie espagnole.

Mais que ressort-il de sa lettre à Don Garcia, après qu’une telle proclamation aurait été faite ? Évidemment, que T. Louverture ne se croyait pas le droit de maintenir cette liberté des noirs dans la partie espagnole ; car il ne se fût pas borné à solliciter le gouverneur, ainsi que nous le voyons par cette lettre, de donner des ordres pour que les enlèvemens ne continuassent plus. Comment ! lui protecteur naturel de ces malheureux, il est informé qu’un navire ancré dans le port en a à son bord, qui vont aller