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lique, y vint avec le dais et tous les accessoires d’une pareille cérémonie ; les rues étaient jonchées de fleurs, par les dispositions prises par le général Agé, commandant de l’arrondissement, par le colonel Dalban, commandant de la place. Ces trois personnages, Européens, ne négligèrent rien pour rendre cette réception aussi pompeuse que possible : des salves d’artillerie se faisaient entendre pendant la marche d’un cortège nombreux, pour se rendre à l’église, où le Te Deum devait être chanté. Là, le général en chef s’assit dans le banc des anciens gouverneurs généraux de Saint-Domingue, au-dessus duquel le curé Lecun avait fait placer un arc recouvert de soiries : sur cet arc étaient écrits ces mots : Dieu nous l’a donné, Dieu nous le conservera. Mais, dans le cœur de ce prêtre était écrit aussi : Dieu nous l’enlèvera ; car il contribua aux défections peu de mois après. Agé et Dalban les suivirent, s’ils ne les ordonnèrent pas.

Peu de jours après son arrivée au Port-au-Prince, T. Louverture publia un arrêté, le 3 avril, à l’occasion de quelques actes de piraterie qui avaient été commis sur les côtes de l’île : il prescrivit des mesures pour s’en garantir à l’avenir.

À cette époque, des Vaudoux, conduits par une vieille africaine, commettaient leurs sorcelleries habituelles dans la plaine du Cul-de-Sac, malgré l’ordonnance répressive publiée à leur égard. Ces pratiques superstitieuses nuisaient, comme toujours, aux travaux agricoles des cultivateurs. Pour y mettre ordre, Dessalines, inspecteur général des cultures, répondant de leur résultat au général en chef, se mit en campagne à la tête d’un bataillon de la 8e demi-brigade ; ayant cerné ces Vaudoux réunis dans une case, il ordonna un feu de ba-