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tes dans la pratique d’une habitude réellement nuisible à la société et aux individus. On a toujours imputé à H. Christophe, alors général commandant l’arrondissement du Cap, d’être fort passionné pour le jeu ; mais ce reproche pouvait s’adresser à beaucoup d’autres hommes : c’était le résultat des mœurs coloniales. Les colons, grands planteurs, en donnaient le funeste exemple dans leurs jours de prospérité : la plupart d’entre eux se ruinèrent au jeu, au lieu de payer leurs dettes au commerce français, qui leur avait fait d’énormes avances pour l’exploitation de leurs propriétés.

Le 10 mai, sur les représentations à lui faites par les habitans des communes de Santo-Domingo et de Monte-Christ, au sujet des bois d’acajou déjà coupés dont il avait défendu l’exportation, le général en chef permit cette exportation, en payant au fisc un droit de 25 pour cent ; mais il renouvela la défense d’en faire d’autres coupes. L’exportation des bois de teinture fut aussi permise dans ces deux ports, pour l’avenir, moyennant un droit de 20 pour cent.

Le 19 mai, un arrêté régla les boucheries dans toute la colonie : elles furent affermées, et les bouchers fermiers eurent seuls le droit de tuer des bestiaux et d’en vendre la viande au public ; eux seuls avaient aussi le droit d’acheter des bestiaux pour cet objet, ainsi que les propriétaires ou fermiers d’habitations, pour l’exploitation des terres ; mais les uns et les autres devaient obtenir préalablement une permission du général en chef. Des amendes étaient applicables aux contrevenans.


Jamais, à aucune époque antérieure ou postérieure, le despotisme ne fut plus fortement organisé que sous T.