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Son discours ne manquait ni dignité ni fermeté : il y faisait sentir toute son autorité, et avertissait, prévenait chacun de ce qu’il exigeait. Jésuite autant que général et législateur, il n’oublia pas de s’appuyer sur la religion du Christ pour prescrire ce qu’il voulait obtenir de tous. Enfin, arrivé à l’apogée de sa gloire et de sa fortune, il déclara qu’il n’éprouvait aucun remords pour ses actions. C’était, sans doute, la fermeté d’âme d’un homme qui comprenait la politique à sa manière ; mais le Dieu Tout-Puissant qu’il invoquait conservait aussi tous ses droits pour juger ses actions passées et celles qu’il faudra relater ; car en juillet 1801, T. Louverture n’avait pas achevé sa carrière.

Les Mémoires de Pamphile de Lacroix rapportent des extraits d’un compte-rendu remis au ministre de la marine par le colonel Vincent, sur ce qui se passa entre lui et le gouverneur, au sujet de la constitution coloniale. Il paraît que ce colonel lui fit de vives représentations sur la publication de cet acte, avant de l’avoir soumis au gouvernement français, et encore plus sur son impression. « Il m’écouta avec attention, dit Vincent, surtout quand je lui demandai ce que pourrait faire le gouvernement français, aujourd’hui qu’aux termes de la constitution, il n’aurait plus personne à nommer ni à envoyer dans la colonie. Il me répondit que le gouvernement enverrait des commissaires pour parler avec lui. — Dites plutôt que l’on veut qu’il vous envoie des chargés d’affaires, des ambassadeurs… » Dans la pensée de Vincent, T. Louverture était donc placé sous l’influence d’hommes qui le portaient à agir comme il fit ! Ces hommes ne sont que les colons.

Enfin, Vincent reçut la mission d’apporter la constitu-