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sa confiance au général en chef de Saint-Domingue, et par là, il n’en sera (au futur) que plus facile à rendre justice aux autres généraux, à Rigaud par exemple. Mais, lui a-t-il envoyé copie des lettres que lui ou T. Louverture a reçues ? — Vous reprendrez donc enfin le degré de confiance qui vous est si justement acquis : c’est pour l’avenir ; en attendant, il reste toujours sous le coup des préventions odieuses qu’on a nourries et qu’on entretient contre lui. — Depuis son entrée aux fonctions de l’agence, Roume a bien parlé de lui, a rendu témoignage de ses services ; mais auparavant, cet agent avait fait ce que nous avons constaté ; il l’avait dénoncé, calomnié.

Après ces phrases mielleuses, et toutes d’espérances pour Rigaud, Roume insinue tout doucement qu’il conserve des idées de divisions, en l’invitant à oublier le passé. C’était le cas, alors, de rapporter son arrêté du 21 pluviôse, de faire cesser son commandement indépendant dans le Sud, de le sommer, au nom de la France, de se soumettre au général en chef.

Cet agent a été témoin, au Port-au-Prince, de la diatribe verbale de T. Louverture contre tous les hommes de couleur, en comprenant ainsi une foule d’innocens au moins parmi eux, s’il y en avait de coupables d’intention ; car aucun fait de leur part ne légitimait ces accusations ; il en a vu arrêter beaucoup qui ont été envoyés dans les cachots du Morne-Blanc, où ils étaient encore détenus ; il a su le massacre de ceux des montagnes de Jacmel, et Roume passe tous ces faits sous silence. Il est aussi convaincu que le Directoire exécutif, de la loyauté du général en chef, philosophe et législateur.

Enfin, il termine sa lettre par des reproches assez formels à l’égard des déserteurs. Ces déserteurs, ce sont sans