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doute des hommes de couleur qui, n’ayant pas comme lui, autant de confiance dans la loyauté du général en chef, ont fui la proscription qui les menaçait ; ce sont ces hommes dont parle Kerverseau dans le passage cité de son rapport ; et Roume veut que Rigaud les renvoie au loup qui doit bientôt dévorer leurs semblables !…

Une expression de cette lettre du 27 avril est à remarquer : c’est qu’à propos de ces déserteurs, Roume parle du département de Rigaud. Il avait donc réellement consenti, dans leur entrevue du 7 février, à ce que Rigaud gardât le commandement de tout le Sud, à partir de Miragoane et de ses dépendances ! Toutes ses lettres postérieures à ce général, relatives au service judiciaire et administratif, confirment cette disposition prise entre eux, et cela est utile et important à constater. Une lettre de Rigaud à cet agent, du 30 floréal (19 mai) lui rappelle encore que par son arrêté du 21 pluviôse (9 février), pris deux jours après leur entrevue conciliatoire, il lui a donné la surveillance directe sur tous les fonctionnaires de cette partie, du département du Sud, comme avait fait Hédouville.

Plusieurs autres lettres de Rigaud, des 1er, 14, 18, 19 et 20 mai, sur des détails d’administration, corroborent encore cet état de choses. Roume l’autorisa à remplacer, même les fonctionnaires qu’il avait nommés.

Dans celle du 1er mai, il témoigne à Roume son regret de la translation du siège de l’agence au Cap, qui devra éloigner leurs communications :

« Pourquoi faut-il donc que nous soyons privés tout à la fois et du bonheur de vous posséder comme les autres départemens, et de jouir des sages mesures que vous indiquez pour leur prospérité et pour le bonheur de ceux qui