Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/461

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sieurs articles de la constitution qu’il a proposée ; mais les changemens que l’intérêt de la métropole pourrait commander seront à l’avantage du commerce, de l’agriculture et de la prospérité de Saint-Domingue. »

Voilà un article rédigé convenablement pour endormir T. Louverture sur les projets du gouvernement consulaire : tous les gouvernemens emploient, au besoin, de pareils soporatifs. Mais lisons ce que dit Thibaudeau :

« À la nouvelle apportée par Vincent, l’indignation du Premier Consul fut extrême. La conduite de T. Louverture lui parut attentatoire à l’autorité et à la dignité de la République ; et ne voyant dès-lors dans les chefs noirs que des Africains ingrats et rebelles avec lesquels il était impossible de pactiser, il résolut de les anéantir par les armes. Il fut influencé dans cette détermination, non, comme on l’a dit, par l’opinion des ministres et du conseil d’État qui ne fut pas même consulté, mais par les importunités des colons, des négociants, des spéculateurs…[1] »

Cette narration est écrite à peu près d’après les Mémoires de Sainte-Hélène. Cependant, une assertion de Thibaudeau, conseiller d’État, détruit ce qui y est dit relativement au conseil d’État et aux ministres. Il paraît donc que s’il y eut des membres de ce conseil qui furent consultés, le conseil lui-même, comme corps délibérant, appelé par la constitution à donner son avis, ne le fut point. Thibeaudeau paraît avoir raison ; car les mémoires de H. Grégoire disent :

« Que les ministres, des conseillers d’État, des sénateurs, au nombre de soixante, furent réunis par le Premier Consul pour aviser au moyen de rétablir à Saint-Domingue

  1. Tome 3, p. 111.