Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/472

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cette conclusion vraie contre les procédés du gouvernement consulaire :

« Lorsqu’en 1793, à la suite des violences de notre première révolution, l’esclavage s’est trouvé aboli dans nos colonies, le premier soin du gouvernement consulaire, au retour de l’ordre, a été de remettre les noirs en servitude. Rien ne lui a coûté pour cela, ni les hommes, ni l’argent, ni même, il faut bien le dire, les cruautés, les perfidies. Il a semblé considérer la liberté des noirs comme l’une des folies d’un temps de folie[1]. »

Oui, cette appréciation est judicieuse ; et si, à Saint-Domingue, les hommes de la race noire ont dû déployer toute leur énergie, pour échapper au résultat obtenu dans les autres colonies françaises, il n’est pas moins vrai qu’on y a pratiqué tout ce que le génie de l’enfer pouvait suggérer pour arriver à ces fins détestables. On le verra dans le sixième livre de cet ouvrage qui terminera la période française.

Comment donc concevoir qu’il y a de la sincérité dans tous les ouvrages qui ont prétendu, d’après les Mémoires de Sainte-Hélène, que le rétablissement de l’esclavage n’était pas prescrit par les instructions secrètes du Premier Consul à son beau-frère ? Il suffit de lire encore la déclaration suivante dans l’exposé des motifs de la loi du 20 mai 1802, pour rester convaincu de cette résolution si contraire aux droits naturels des noirs. Le conseiller d’État Dupuy disait :

« Dans les colonies où les lois révolutionnaires ont été mises à exécution, il faut se hâter de substituer aux

  1. Rapport de la commission, page 270.