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Les vraies causes de la querelle entre T. Louverture et Rigaud étant ainsi trouvées, Rigaud pouvait-il, devait-il imiter son adversaire, en faisant un appel aux passions pour l’envenimer ? Non ; car sa position était toute défensive : il acceptait la guerre, mais il ne l’avait pas désirée. Il publia des écrits, beaucoup trop, pour se justifier des mauvais sentimens qu’on lui prêtait.

Afin de se défendre de l’accusation d’ambition portée contre lui par Roume et T. Louverture, il émit une proclamation, le 15 juin, adressée aux citoyens du Sud : il leur rappela la modération qu’il avait montrée et le désir qu’il avait eu de maintenir la paix publique, en faisant évacuer par ses troupes le Grand-Goave et le Petit-Goave. Il publia en même temps la lettre qu’il avait reçue d’Hédouville, et l’autorisation que Roume lui avait donnée par son arrêté du 21 pluviôse. Mais, obligé de se défendre, il fit avancer ses troupes. Il se déclara investi de tous les pouvoirs dans le Sud. C’était une nécessité de sa position.

Il était alors à Miragoane, d’où il ne tarda pas à partir avec l’adjudant-général Toureaux, pour Aquin, afin de faire avancer des munitions de guerre et de bouche.

Avant son départ, il avait fait occuper le Pont-de-Miragoane par le colonel Faubert, avec les 2e et 3e demi-brigades. Le colonel Geffrard était à Saint-Michel, avec les 1re et 4e demi-brigades. Ces troupes s’élevaient à environ 2500 hommes. Le colonel Renaud Desruisseaux commandait à Miragoane.

En même temps, le général Dessalines occupait le Port-au-Prince avec quatre demi-brigades venues de l’Artibonite. Toutes les troupes réunies dans cette ville s’élevaient à une force de près de 10 mille hommes.

La guerre était imminente, et les sympathies de tous les