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Les colons du Port-au-Prince, qui avaient été témoins de l’enthousiasme excité dans la population indigène par l’arrivée de Rigaud en cette ville, se joignirent à ceux des Cayes. Enfin, le général Rochambeau paraît avoir contribué aussi, par ses conseils, à la mesure que prit Leclerc.

Pamphile de Lacroix, qui avance cette assertion en citant une ancienne lettre de Rochambeau au conseil exécutif provisoire de France, datée de Philadelphie le 26 novembre 1794, où il exprimait une opinion défavorable aux mulâtres, dit aussi : « En même temps, T. Louverture se plaignit amèrement de l’arrivée et de la présence, dans la colonie, d’un homme qu’il accusait d’avoir été injustement son antagoniste. Circonvenu de tous côtés, le général Leclerc prit un arrêté pour ordonner le rembarquement du général Rigaud. »

Nous admettons son assertion relative à Rochambeau, qui n’avait pas une meilleure opinion des noirs que des mulâtres : nous l’avons prouvé par sa lettre citée à la page 219 de notre 3e volume. Mais nous repoussons celle qui concerne T. Louverture, qui, en ce moment, était encore insoumis. À cet égard, les dates sont la meilleure preuve des faits. Or, la soumission de l’ex-gouverneur n’a eu lieu, comme on le verra bientôt, que dans les premiers jours de mai, et la déportation de Rigaud s’effectua dans les derniers jours de mars[1]. Mais il convenait à cet auteur d’arranger les choses ainsi.

Il est probable, au contraire, qu’aux considérations

    mande de Laplume, et pour lui donner un nouveau témoignage de considération.

  1. B. Tonnerre dit aussi que Rigaud fut déporté après la soumission de T. Louverture. On pourrait s’étonner d’une telle erreur dans ses Mémoires écrits peu de temps après tous ces événement, si cet auteur national n’avait pas été encore plus inexact sur une foule de faits relatés par lui.