Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

là le motif non avoué que nous y voyons. Nous verrons comment ils se vengèrent à leur tour.

Heureusement pour les Français, — « Les Espagnols nous en fournirent (des secours) avec une générosité chevaleresque, » dit P. de Lacroix. Le gouverneur de la Havane envoya, en effet, 500 mille piastres et des habillemens de troupes.

Il paraît que les Américains agirent en cette circonstance comme leurs pères, les Anglais ; car le même auteur l’affirme et dit en outre : « Les réticences politiques de ces gouvernemens auraient dû, de suite, nous rendre attentifs ; mais nous sommes si confians qu’on y prit à peine garde. » Cela prouverait encore que les Français avaient peu de mémoire, pour avoir compté sur l’assistance de leurs adversaires naturels. Les États-Unis sont aussi jaloux de leurs intérêts que la Grande-Bretagne des siens[1].


Quand T. Louverture se fut retiré aux Cahos, après l’évacuation de la Crête-à-Pierrot, il s’était décidé à se soumettre à Leclerc, en gardant envers lui tout ce qui pouvait maintenir la dignité de son ancienne position de gouverneur général. Dans ce but, il répondit à la lettre du Premier Consul :

« J’assurai le Premier Consul, dit-il dans son mémoire, de ma soumission et de mon entier dévouement à ses ordres, en lui annonçant que s’il n’envoyait pas un autre officier général prendre le commandement, j’aiderais le général Leclerc à faire tout le mal possible par la résistance que je lui opposerais. »

  1. Il est entendu que nous parlons d’une époque déjà fort éloignée.