Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/150

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Avisé par son aide de camp César, que Christophe s’était rendu avec ses troupes, il écrivit une seconde lettre à Leclerc qu’il lui fît porter par l’adjudant-général Fontaine : elle avait pour but de demander au capitaine-général une entrevue à l’habitation D’Héricourt. Leclerc accueillit Fontaine avec beaucoup de bienveillance, mais il refusa l’entrevue. Ce que voyant, T. Louverture lui écrivit une troisième lettre qu’il envoya par Marc Coupé et son secrétaire Nathan, pour lui donner l’assurance qu’il était prêt à lui rendre le commandement.

Le 3 mai, le capitaine-général répondit à T. Louverture :

Au nom du gouvernement français.

Je vois avec plaisir, citoyen général, Je parti que vous prenez de vous soumettre aux armes de la République. Ceux qui ont cherché à vous tromper sur les véritables intentions du gouvernement français sont bien coupables. Aujourd’hui, il ne faut plus nous occuper à rechercher les maux passés : je ne dois plus m’occuper que des moyens de rendre, le plus promptement possible, la colonie à son ancienne splendeur. Vous, les généraux et les troupes sous vos ordres, ainsi que les habitans de cette colonie qui sont avec vous, ne craignez point que je recherche personne sur sa conduite passée : je jette le voile de l’oubli sur tout ce qui a eu lieu à Saint-Domingue avant mon arrivée. J’imite en cela l’exemple que le Premier Consul a donné à la France, après le 18 brumaire.

Tous ceux qui sont ici ont une nouvelle carrière à parcourir, et à l’avenir je ne connaîtrai plus que de bons ou de mauvais citoyens. Vos généraux et vos troupes seront employés et traités comme le reste de mon armée. Quant à vous, vous désirez du repos ? Le repos vous est dû : quand on a supporté pendant plusieurs années le gouvernement de Saint-Domingue, je conçois qu’on en ait besoin. Je vous laisse le maître de vous retirer sur celle de vos habitations qui vous conviendra le mieux. Je compte assez sur l’attachement que vous portez à la colonie de Saint-Domingue, pour croire que vous emploierez les momens de loisir que vous aurez dans votre retraite, à me commu-