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jadis employé dans la colonie sous le gouvernement de Laveaux : ils s’étaient connus et avaient même été liés, d’amitié. Il en fut accueilli avec joie[1]. T. Louverture était accompagné du colonel Gabart, de Morisset, avec un escadron des dragons de la garde d’honneur, de Fontaine, M. Coupé, César et autres aides de camp, de Placide, et d’Isaac qui avait enfin rejoint son père. Ce dernier passa quelques heures et déjeuna avec le général Fressinet. Là, il apprit des officiers de la 10e coloniale les circonstances de la soumission de Paul Louverture : il reçut de ces officiers et de leurs soldats des témoignages, de respect et de sympathie.

Il en fut de même au Haut-du-Cap, où il rencontra le général Clervaux et la 6e coloniale, et des habitans du Cap, où il entra dans l’après-midi.

Arrivé à la maison qu’occupait le capitaine-général, il fut reçu avec distinction par les généraux Debelle et Hardy. Leclerc dînait et se trouvait à bord du vaisseau du contre-amiral Magon. Ces généraux donnèrent l’ordre de faire tirer une salve d’artillerie par les forts, que répétèrent les vaisseaux dans la rade, pour célébrer l’entrée et la soumission de celui qui fut le chef de la colonie durant cinq années : ces honneurs lui étaient dus, car il avait rendu d’immenses services à la France et à la politique machiavélique de ses gouvernemens.

Avisé de son arrivée, le capitaine-général revint chez lui, alors que l’ex-gouverneur y avait déjà pris un léger repas. Il l’embrassa, en lui témoignant toute sa joie de l’issue de la lutte qui durait depuis trois mois. Le faisant

  1. Fressinet lui avait écrit aussi pour rengager à se soumettre. Il arriva avec l’escadre de Flessingue. L’entrée de T. Louverture au Cap, le 6 mai, est constate par une lettre de Benezech, du 7, adressée au ministre de la marine.