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Le 10 avril, l’amiral Villaret-Joyeuse partit pour Brest avec huit vaisseaux[1]. Il paraît que c’est alors que partirent aussi le Jean-Bart et le Rhinocéros qui ramenaient en France Rigaud et plusieurs de ses anciens officiers.

Assuré déjà du succès de ses négociations pacifiques avec T. Louverture et Christophe, et pour les y déterminer encore plus par la perspective d’une administration modérée, le 25 avril le général Leclerc proclama l’acte suivant :

Au nom du gouvernement français.
Le général en chef, aux habitans de Saint-Domingue.
Citoyens,

Le temps est venu où la tranquillité va succéder au désordre qui est naturellement résulté de l’opposition mise par les rebelles au débarquement de l’armée de Saint-Domingue.

La rapidité des opérations, et la nécessité de pourvoir à la subsistance de l’armée, m’ont empêché jusqu’ici de m’occuper de l’organisation définitive de la colonie. D’ailleurs, je ne pouvais avoir qu’une idée très-imparfaite d’un pays que je n’avais jamais vu, et il m’était impossible de juger, sans un mûr examen, d’un peuple qui, pendant dix ans, avait été en proie aux révolutions.

La constitution provisoire que je donnerai à la colonie, mais qui ne sera définitive que lorsqu’elle aura été approuvée par le gouvernement français, aura pour base la liberté et l’égalité de tous les habitans de Saint-Domingue, sans aucune distinction de couleur ; cette constitution comprendra :

1o L’administration de la justice ; 2o l’administration intérieure de la colonie, et les mesures nécessaires pour sa défense intérieure et extérieure ; 3o les impôts, leur emploi, et le mode de perception à adopter ; — 4o les règlemens et ordonnances relatives au commerce et à l’agriculture ; — 5o l’administration des domaines nationaux, et le

  1. Dans la même année, il fut nomme capitaine-général de la Martinique, où il arriva le 13 septembre. D’aprés ses idées de 1797, il devait s’y trouver à son aise.