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tion qu’il occupait que par le bataillon de la 9e : celui des Gonaïves s’était dispersé dans les bois pour ne pas agir contre les révoltés. Lubin Golard mourut de maladie à Plaisance dans cette expédition : on soupçonna qu’il fut empoisonné, mais il paraît qu’il périt d’une pleurésie.

Leclerc était revenu au Cap. L’affaire de Plaisance le porta à soupçonner T. Louverture d’être le machinateur secret de la résistance de Sylla. Autant par ce motif que pour garantir la communication du Nord avec l’Artibonite et l’Ouest, par Plaisance et Ennery, il fit occuper ce dernier bourg par la 31e demi-brigade légère, que commandait le chef de bataillon Pesquidon, au nombre d’environ 500 hommes. C’était une garnison considérable pour ce lieu ; mais au fait, c’était dans les vues de parvenir à l’arrestation de T. Louverture. En même temps, un autre gros détachement de troupes occupa Saint-Michel. Ces forces inquiétèrent l’ex-gouverneur[1].

Déjà, à ce qu’il paraît, les généraux Christophe, Clervaux et Maurepas, avaient émis à Leclerc une opinion favorable à la déportation de T. Louverture en France. Ces généraux s’étant soumis avant lui et sans ordre de sa part, devaient redouter la vengeance d’un chef qui n’avait pas reculé devant le sacrifice de son propre neveu, si, par des événemens imprévus, il réussissait à ressaisir l’autorité : ils le savaient capable de tout. De son côté, Dessalines avait adressé des lettres au capitaine-général, où il lui attribuait la résistance de Sylla et le mauvais vouloir du bataillon des Gonaïves. Mais il importait a Leclerc de connaître l’opinion personnelle de Dessalines sur la mesure qu’il projetait : il ne l’avait pas encore vu depuis

  1. Voyez son Mémoire au Premier Consul.