Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/207

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de 1801 ; c’est que l’Empereur pensa alors qu’il eût suffi de maintenir T. Louverture au poste de gouverneur général, pour annuler cet acte et retenir la colonie dans une complète dépendance de la métropole. Heureusement, il fit le contraire.

Quoi qu’il en soit, le général Cafarelli eut sept entretiens successifs avec le prisonnier[1]. Dans le premier, qu’il déclare avoir été fort long, T. Louverture lui exposa sa conduite comme il l’a fait dans son mémoire. Le lendemain dans la matinée, quand il le revit, T. Louverture tremblait tellement par le froid, dit-il, qu’il en était malade, et avait de la peine à parler ; c’est alors qu’il remit à Cafarelli son mémoire, en lui disant que ce document contenait tout ce qu’il avait à dire. En ayant pris lecture, Cafarelli retourna auprès de lui et lui rendit le mémoire, en ajoutant qu’il n’y avait trouvé rien d’intéressant, et qu’il lui fallait des aveux plus positifs et plus vrais. Piqué de ces paroles, T. Louverture lui demanda avec vivacité, dit le narrateur, ce qu’il exigeait de lui, puisqu’il doutait de sa franchise ?

Le général français lui parla alors, 1o de l’expulsion successive de tous les agens de la métropole ; 2o de ses relations avec la Grande-Bretagne et les États-Unis ; 3o de son projet d’indépendance et de la constitution de 1801 ; 4o de l’incendie du Cap et de la résistance faite à l’armée expéditionnaire, en lui demandant des explications sur tous ces faits.

  1. Pamphile de Lacroix, qui n’a pas été à la source des renseignemens, prétend que le général Cafarelli fut envoyé plusieurs fois auprès de T. Louverture, pour acquérir seulement des notions sur la valeur des trésors cachés à Saint-Domingue, et que la seule réponse que fit toujours le prisonnier fut : J’ai bien perdu nuire chose que des trésors. Il n’y a rien de vrai dans ce récit.