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que Christophe avait été forcé de suivre cet ordre, mais qu’il eut tort de brûler le Cap ; qu’aucune lettre, aucune mesure n’ayant été écrite ou prise pour l’avertir des intentions du gouvernement, il avait résisté, surtout en apprenant ce qu’avait fait le général Rochambeau au Fort-Liberté. Toutefois, il avoua avoir donné l’ordre d’incendier le Port-au-Prince et les Gonaïves, et non les autres lieux.

Dans un autre entretien, le général Cafarelli l’interrogea sur l’administration de la colonie, en lui disant : que son système peu éclairé était sévère pour les employés, vexatoire pour les cultivateurs.

Il prétendit le justifier à raison des circonstances ; qu’étant chargé de conserver la colonie à la France et de prendre toutes les mesures nécessaires, — toutes les atrocités qu’on lui reproche n’ont été que l’effet de ces circonstances et l’ouvrage même de la colonie. Il parla notamment de la mort d’Hilarion, qui fut fusillé, dit-il, pour avoir cherché à débaucher ses domestiques et ses gardes. Il dit que son système avait ramené l’ordre et fait prospérer Saint-Domingue, puisqu’à l’arrivée de l’expédition, tous les cultivateurs travaillaient activement ; et qu’il y avait dans toutes les caisses publiques 11 millions 700 mille francs, en indiquant les sommes existantes dans chacune[1].

Il nia d’avoir jamais fait enfouir aucune somme quelconque, et repoussa à ce sujet la calomnie répandue sur l’assassinat des soldats de sa garde qui auraient été employés à cette opération ; que, lorsqu’il apprit cette im-

  1. — Au Cap, 900,000 f. ; — aux Gonaïves, 200,000, — au Port-au-Prince, 3,600,000 ; — à Léogane, 700,000 ; — à Jacmel, 500,000 ; — à l’Anse-à-Veau, 1,100,000 ; — à Jérémie, 600,000 ; — aux Cayes, 3,200,000 ; — À Santo-Domingo, 900,000.