Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/213

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le chef, peut-être n’ont-ils pas été moins erronés. Nous qui nous sommes efforcé, dans nos précédens livres, de présenter sa conduite sous ces deux rapports, nous nous devons à nous-même de compléter ici ce que nous avons à en dire de nouveau. Mais auparavant, examinons ce qui ressort du rapport fait au gouvernement consulaire par le général Cafarelli, afin de passer ensuite à l’examen du mémoire rédigé par le prisonnier du fort de Joux, pour être présenté au chef de ce gouvernement.

Ce qui ressort du rapport dont s’agit, c’est l’erreur où jette la prévention, c’est l’injustice qui en est l’infaillible résultat. Ce rapport, que nous assurons avoir bien examiné, ne nous a pas paru empreint d’aucune animosité, encore moins de haine pour T. Louverture. L’homme supérieur qui a été mis en présence du prisonnier pour l’interroger et faire jaillir la vérité par sa bouche, dominé sans nul doute par tout ce qu’il en avait entendu dire, n’a pu ajouter foi aux explications qu’il a données des faits de son administration, de son gouvernement, suivant le système qu’il avait malheureusement adopté pour diriger sa conduite : de là, la conclusion du rapporteur au grand désavantage de l’inculpé.

Supposons le général Cafarelli dégagé de toute prévention antérieure, et surtout bien informé des faits qui se passèrent réellement à Saint-Domingue et imputables à T. Louverture, il aurait vu en lui un homme dont l’ambition était à la hauteur de son génie, qui profita habilement des dispositions et des tendances du Directoire exécutif et même du gouvernement consulaire, pour se maintenir au pouvoir où il était parvenu, par l’ascendant de sa couleur sur les masses, par ses services rendus aux colons et à la France, tels qu’on l’avait désiré de lui. Sans doute, dans