Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/248

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de les sabrer vigoureusement. Afin de donner une direction intelligente au service de cette gendarmerie, Leclerc nomma le général Clauzel inspecteur de ce corps. Il eut tort de placer à ce poste le brave Clauzel, et il méconnut en cela le vœu de son armée ; car les soldats français avaient élu le général Brunet.

Tant de mesures prises contre les cultivateurs devaient inévitablement exciter un sourd mécontentement par mieux. Au moindre signe de leur indignation contre les nouveaux venus, en qui ils avaient tant espéré, on les arrêtait, on les hissait aux arbres dans les campagnes, ou aux potences que le capitaine-général fit dresser dans les villes et bourgs ; on les fusillait, on les noyait, à bord des bâtimens de guerre.

Il faut ici rendre à César ce qui est à César, en disant que Rochambeau eut l’honneur de cette initiative.

Cette rage de destruction semblait être une vengeance exercée en raison de la mortalité occasionnée par la fièvre jaune : elle avait bientôt enlevé les généraux Clément, Pambour, Tholozé, Ledoyen, l’adjudant-général Perrin, le colonel du génie Maubert, sans compter d’autres officiers de moindre importance et les soldats[1]. Des troupes arrivées en juin et au commencement du mois d’août, ne tardèrent pas à alimenter le terrible fléau qui les accablait.

Le 29 juillet, le capitaine-général publia un règlement portant classification des délits et des peines, en matière

  1. Tholozé et Maubert moururent six jours après leur arrivée au Cap, à la fin de juin. À cette époque, Desfourneaux fut renvoyé en France après avoir été employé peu de temps à Saint-Yague. Que d’ostracismes successifs ce général n’a-t-il pas subis à Saint-Domingue ! Il est vrai qu’il fut toujours le même homme.