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côtés par la mer, exposée aux vents alises durant l’été qui brûle Saint-Domingue, elle offrait au couple uni pour de si hautes destinées, un asile contre la peste qui enlevait journellement des officiers supérieurs. Là, Leclerc se reposait des fatigues de son laborieux gouvernement.

Tandis qu’il y était, des mouvemens insurrectionnels se manifestèrent sur divers points à la fois, occasionnés par le désarmement. — Aux Baradères, Janvier Thomas ; à Saint-Louis du Sud, Auguste ; à Torbec, Samedi Smith, essayèrent vainement de s’organiser ; ils furent refoulés dans les bois par Laplume et Néret. — Dans l’Ouest, Lamour Dérance et Lafortune réussirent mieux avec leurs grosses bandes, déjà organisées et habituées à guerroyer, puisqu’ils ne s’étaient jamais soumis à T. Louverture : ils vinrent faire des incursions du côté de Léogane et même jusqu’au Petit-Goave. — Dans l’Artibonite, il n’y eut d’abord que de simples mouvemens sans suite. — Dans le Nord, aux Moustiques, d’autres mouvemens eurent lieu. À Plaisance, Sylla, qui s’était manifesté dès l’arrestation de T. Louverture et qui avait été pourchassé, remua de nouveau. Tous ces chefs de bandes étaient des noirs.

« Il est pénible de penser, dit P. de Lacroix, que les tentatives insurrectionnelles qui rallumaient la guerre à mort à Saint-Domingue, furent attisées par l’instigation d’une politique étrangère occupée alors de renouveler les discussions en Europe… Une frégate anglaise avait plusieurs fois rangé de près la côte du Sud, et l’on apprit qu’elle avait communiqué avec la bande de Lafortune peu de jours avant sa levée de bouclier. »

L’accusation portée contre les Anglais, d’avoir été les