Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/262

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Mais bientôt la désunion survint entre lui et Larose, qui se sépara de lui pour agir de son côté. Sa femme, d’un caractère impérieux, avait contribué à cette désunion ; elle dominait le caractère faible de Charles Bélair. Malgré cette circonstance, Jérôme attaqua le bourg des Verrettes d’où il fut repoussé vigoureusement par Faustin Répussard, homme de couleur qui y commandait pour les Français. Cet insuccès contraignit Charles Bélair à passer sur la rive droite de l’Artibonite, dans la paroisse de la Petite-Rivière où se tenait Dessalines. Larose lui-même y passa aussi, abandonnant les montagnes de l’Àrcahaie. Ce fut une bonne fortune pour Dessalines qui, avisé tout d’abord des projets de Charles Bélair, les laissait continuer parce lui dont il était jaloux, les encourageait même secrètement, dit-on, pour pouvoir le perdre et se débarrasser d’un concurrent.

Mais tandis que l’insurrection de Charles Bélair éclatait, d’autres insurgés étaient dirigés dans le Nord, par Sans-Souci, Sylla, Macaya, Mavougou, Va-Malheureux et Petit-Noël Prieur, tous noirs, anciens affidés de T. Louverture, qui avaient plus ou moins pris part dans sa lutte de trois mois ou qui étaient habitués à obéir à sa voix, dans les mouvemens insurrectionnels qu’il ordonna successivement contre Sonthonax, Hédouville et Roume[1]. Cette fois, le désarmement des cultivateurs et les rigueurs employées à cette occasion furent cause de leur influence sur ces campagnards qu’ils soulevèrent. Après avoir agi du côté du Dondon, ils se concentrèrent vers le massif des

  1. On se rappelle te post-scriptum de la lettre de T. Louverture, du 17 juillet 1799, écrite à H. Christophe (t. 4, p. 107), où il est fait mention de Noël Prieur. Celui-ci était un ancien esclave du colon Prieur, de la paroisse du Dondon.