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montagnes qui forment les paroisses de Plaisance, d’Ennery, du Limbe, du Borgne et du Gros-Morne, en laissant quelques-uns de leurs lieutenans pour agir vers la Marmelade, la Grande-Rivière et le Dondon.

Ce mouvement de concentration, qui consistait à faire de Plaisance la base de leurs opérations, prouvait l’intelligence qui les guidait ; car, ainsi que le dit Moreau de Saint-Méry, — « Plaisance est l’une des paroisses les plus importantes de la partie française, parce qu’elle est située dans un point destiné, par sa nature, à servir de moyen de communication entre la partie du Nord, la partie de l’Ouest et le reste de la colonie, et même à assurer à divers points de la partie du Nord une communication entre eux. » Le général Leclerc l’avait compris ainsi, quand, dès l’ouverture de sa campagne contre T. Louverture, il fit occuper Plaisance par Desfourneaux, et ensuite par Clauzel et Brunet. T. Louverture lui-même avait conçu l’idée de se rendre maître de ces montagnes, dans son plan de diversion pendant que les Français se concentraient contre la Crête-à-Pierrot. On a vu que Sylla, par ses ordres évidemment, s’y tenait toujours. Il est donc permis de croire que les chefs des bandes insurgées, en prenant les armes au mois d’août, époque que T. Louverture avait assignée pour être celle de mouvemens offensifs de sa part, et convergeant tous sur Plaisance, suivaient en cela le plan qu’il avait médité, et dont il fut accusé avec quelque apparence de vérité.

Quoi qu’il en soit, le général Brunet ordonna à Pétion de combattre les insurgés. Il obtint bientôt quelques succès contre Sans-Souci qu’il chassa du Pilate ou Bas Plaisance ; mais en faisant des prisonniers parmi eux, Pétion agit avec cette humanité qui le caractérisait, et qui, dans