Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tribu africaine, et ne pensait à organiser l’insurrection que sous cet aspect barbare.

Ce que nous disons ici se trouve confirmé par Boisrond Tonnerre, quoiqu’il ait placé la défection de Dessalines avant celle de Pétion : ce qui est contraire à la vérité. Voici ce qu’il dit de ce qui survint après leur prise d’armes :

« Pétion, qui sentait tout l’embarras de sa position et a de celle de sa troupe (dans le Nord), résolut de se joindre au général Dessalines, qu’il regardait comme le général en chef, depuis l’embarquement de Toussaint Louverture. Il n’en était pas de même de tous les chefs qui, dans une calamité semblable, prêtaient à l’ambition du commandement une oreille assez complaisante pour s’abuser sur les résultats qu’entraînerait le choix d’un chef autre que Dessalines. D’ailleurs, Dessalines possédait seul ce qu’on pouvait appeler la force armée ; lui seul encore était capable de discipliner des hommes qui, déjà terrorisés par les supplices et les noyades, ne savaient plus que combattre dans les bois, où ils se défendaient en cherchant à vendre cher une vie pleine d’amertumes et d’opprobres, et qui ne survivaient à la liberté que pour se venger. Toutes ces considérations, jointes au peu d’ensemble et d’accord qui régnaient dans les troupes nouvellement soulevées, engagèrent Pétion ce à se réunir aux forces commandées par Dessalines. Par une suite de l’ambition qui dévorait déjà les commandans de l’insurrection du Nord, plusieurs d’entre eux avaient fait scission avec les généraux Christophe et Clervaux ; les malheureux se divisaient avant d’avoir pu se réunir. Les Congos et presque la généralité des noirs de la Guinée, étaient maîtres des quartiers de la