Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/271

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C’est pour cette raison que périrent, dans l’année 1803, Sans-Souci et Lamour Dérance, qui essayèrent de se constituer les chefs de la guerre de l’indépendance, outre que l’organisation africaine qu’ils prétendaient donner à cette lutte, en faisait une nécessité de suprême détermination politique.

La lettre de Dessalines fut de suite publiée par ordre du capitaine-général, qui pensait ainsi le compromettre aux yeux de l’armée coloniale, comme il s’agissait lors de la déportation de T. Louverture, afin de lui ôter toute influence sur cette armée ; mais Charles Bélair n’exerçait aucun prestige ; il avait trop paru être un jeune favori de l’ancien gouverneur : d’ailleurs sa révolte était évidente. Une commission militaire fut immédiatement formée au Cap pour le juger ainsi que sa femme, aussitôt qu’ils y arriveraient.

Nous avons dit qu’environ 4000 hommes étaient arrivés de France dans le courant du mois d’août ; mais ils n’avaient pas tardé à gagner les hôpitaux. En septembre, il en arriva d’autres qui subirent le même sort. On conçoit que de malheureux soldats, qui avaient plus ou moins souffert des fatigues de la mer, et qui étaient forcés de combattre des insurgés fuyant souvent de morne en morne, ne pouvaient conserver leur santé au milieu d’une atmosphère empestée. Le capitaine-général Leclerc était donc réduit à compter davantage sur le concours des chefs de l’armée coloniale et de leurs troupes, pour la répression des insurrections. Leur dévouement apparent le fortifiait dans cet espoir ; le sacrifice de Charles Bélair par Dessalines y ajouta. Mais nous arrivons au moment où toutes ses illusions allaient s’évanouir.