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cueil couvert du crêpe funèbre doit exercer son influence sur le souvenir et le cœur des hommes.

Le Swiftshure partit du Cap le 10 novembre avec le corps embaumé du défunt, Madame Leclerc et les aides de camp de son mari. Il arriva à Toulon où de grands honneurs funèbres furent rendus aux restes mortels du capitaine-général de Saint-Domingue. Il en fut de même à Marseille où ils furent transportés, à Lyon et à Paris, et là, placés au Panthéon.

Au Cap se trouvait l’ordonnateur en chef Daure qui, le 27 septembre, avait reçu sa nomination de préfet colonial par le gouvernement consulaire. Dans la circonstance et vu l’absence du général Rochambeau qui était au Port-au-Prince, il eut au Cap l’intérim de la capitainerie-générale. Son premier soin fut d’expédier un navire de guerre annoncer la mort de Leclerc à ce général, en lui notifiant ses dernières volontés qui le désignaient comme son successeur. Il expédia en même temps le chef de brigade du génie Bachelu, en France, avec des dépêches pour le ministre de la marine et des colonies, en mettant l’embargo sur tous les navires de commerce durant quinze jours.

Se faisant assister par le général Clauzel et l’amiral Latouche Tréville, pour donner plus de poids à son autorité intérimaire, Daure et eux publièrent une proclamation, le 2 novembre, qui annonçait la mort du général Leclerc et l’avènement de Rochambeau à sa place.

À cette nouvelle, le cœur des colons s’épanouit de joie : Leclerc n’était pas l’homme qu’il leur fallait, croyaient-ils ; c’était Rochambeau ! Les Français, vrais amis de leur pays, conçurent des craintes pour l’avenir de la colonie d’après les précédens de ce général et en voyant les prin-