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quit dans ce quartier et qu’il pouvait exercer de l’influence sur les indigènes ; il les retint en effet sous l’obéissance de la métropole, car la population des anciens libres avait beaucoup souffert des crimes commis à l’occasion de la guerre civile.

Toutefois, Pétion pouvait conserver l’espoir de l’entraîner par son exemple, celui de Geffrard, de Jean-Louis François et de toute la 13e, à se rallier sous l’autorité de Dessalines. En quittant le Nord pour se réunir au général en chef, Pétion avait certainement l’intention de venir dans l’Ouest user de toute son influence sur les anciens officiers de l’armée coloniale, sur la population indigène dont il était connu par ses antécédens : dans sa pensée, Geffrard était l’homme qui devait rallier le Sud à Dessalines, car le général en chef n’y était connu que par des excès. C’eût été ne rien faire pour la cause indigène, que de se borner à rester dans l’Artibonite, lorsque, d’une part, les Congos du Nord refusaient obéissance à Dessalines, et que, de l’autre, Lamour Dérance s’érigeait aussi en général en chef, et était obéi par tous les chefs de bandes de l’Ouest. C’était à Dessalines à briser les résistances du Nord, où son influence personnelle pouvait mieux s’exercer, comme ancien officier de cette partie, et à Pétion et Geffrard à briser celles de l’Ouest et du Sud.

D’accord entre eux sur tous ces points, l’opération essentielle que leur indiquaient les circonstances, consistait à ce que Pétion pénétrât dans l’Ouest pour ouvrir la route du Sud à Geffrard. Si Dessalines lui-même y venait, il se serait trouvé immédiatement en face de Lamour Dérance. Pétion avait l’avantage sur lui d’être connu de cet Africain, comme un ancien officier de Rigaud, dont