Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Liberté. Petit-Noël Prieur fut nommé commandant de place au Dondon, au grade de colonel, et le général Paul Louverture en eut l’arrondissement.

Dessalines alla voir Toussaint Brave qu’il promut au grade de général de brigade, avec le commandement des campagnes du Fort-Liberté et de Laxavon ; et à son retour, il visita Sans-Souci, qui s’était réfugié dans les montagnes de la Grande-Rivière. Il affecta de considérer ses anciennes prétentions à l’autorité comme l’égarement d’un défenseur de la liberté. Cette démarche lui concilia Sans-Souci et ceux qui pouvaient encore espérer en lui.

Mais, à peine Dessalines retournait-il à l’Artibonite, que Christophe, continuant son œuvre, et pour mettre à exécution l’ordre secret qu’il avait reçu, appela Sans-Souci à une conférence sur l’habitation Grandpré. Il s’y rendit sans défiance, avec quelques-uns de ses officiers. Aussitôt, Christophe les fit tous massacrer par ses soldats, à l’exception du chef de bataillon Charles Pierre. Ce crime souleva contre lui Petit-Noël et les Congos qui l’assaillirent. Chassé jusqu’à la Marmelade, Christophe et Clervaux ne purent résister au torrent des insurgés et se retirèrent aux Gonaïves. Le malheureux Paul Louverture essaya en vain de contenir dans le devoir les Congos irrités par la mort de leur chef : ils lui tranchèrent la tête.

Ces faits attirèrent Dessalines avec toutes ses forces, y compris les troupes de Christophe et de Clervaux, et ces généraux eux-mêmes. Il marcha contre Petit-Noël, enleva le Dondon et écrasa les Congos. Petit-Noël fut contraint à se cacher dans les bois. Toutefois, pour empêcher de nouveaux soulèvemens parmi ces bandes indisciplinées, Dessalines se vit obligé à retirer du Nord Christophe, qu’il plaça aux Gonaïves, près du général