Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/385

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Procédant à un commencement d’organisation, il déféra le commandement de la 13e à Coco Herne, à Jean-Louis François un noyau de corps devenu la 15e à Gérin un autre devenu la 16e. N’ayant que fort peu de poudre, sans artillerie, il marcha d’abord sur Miragoane qu’il enleva : passant ensuite par les montagnes du Rochelois, il y rencontra un détachement français qu’il dispersa en tuant le commandant. Le 16 janvier, il parvint à l’Anse-à-Veau qu’il prit après quelques heures de combat : la garnison française, faite prisonnière, périt par la main des vainqueurs, et son commandant Bernard, adjudant-général, s’enfuit à Jérémie par mer. Geffrard décacheta alors le paquet qu’il avait reçu de Dessalines, pour n’être ouvert qu’à la prise d’un port de quelque importance. La condition était remplie, et les troupes saluèrent en lui le général de brigade qui allait désormais diriger toutes les opérations de l’insurrection du département du Sud : glorieux résultat, que nous regrettons néanmoins de voir terni par un acte de représailles sanglantes. Mais, bientôt nous verrons Geffrard réparer ces fureurs, par le respect qu’il porta au droit du vaincu à être traité, non comme ennemi, mais comme homme.

Avertis de la prise de l’Anse-à-Veau, les généraux Darboiset Laplume, secondés par l’adjudant-général Sarqueleux et le colonel Néret, ne tardèrent pas à se réunir au Petit-Trou. Marchant contre les indigènes avec des forces supérieures, bien pourvues de tout ce qui assure le succès à la guerre, ils les battirent complètement sur l’habitation Laval où Geffrard s’était rendu, à une lieue de l’Anse-à-Veau. Cette victoire, disputée avec acharnement, le rejeta jusqu’à Cupérier, à dix lieues au moins. L’Anse-à-Veau et Miragoane furent repris par les Français, qui y