Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/389

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pas contre Aquin. Passant par la route de l’Asile, dans le canton du Citronnier, il parvint le 5 mars dans la plaine des Cayes, toujours en combattant les postes français qu’il rencontra sur sa route. Il avait fait prévenir Férou de sa marche : celui-ci vint à sa rencontre avec ses troupes et leurs chefs ; elle eut lieu sur l’habitation Charpentier, à peu de distance des Cayes.

Ce fut une scène touchante entre ces divers officiers de Rigaud, qui ne s’étaient pas vus depuis juillet 1800. Leur jonction s’opérait au nom de la Liberté, pour laquelle ils avaient jadis combattu et qui les armait de nouveau. Général de brigade nommé par Dessalines, Geffrard fît comprendre à Férou et aux autres officiers la nécessité d’oublier le passé à son égard, comme il avait fait lui-même, comme avait fait Pétion : tous comprirent qu’ils se devaient à eux-mêmes et à leur pays, de sacrifier les anciennes animosités pour reconnaître l’autorité supérieure de Dessalines. L’œuvre de la fusion entreprise par Pétion recevait ainsi sa consécration dans le Sud : désormais, la cause de l’Indépendance était gagnée par l’union des esprit set des cœurs. Heureux et immense résultat que produisit le génie politique, uni au désintéressement le plus vrai, le plus sincère !

Dès le 6 mars, Laplume fit une sortie contre les indigènes : refoulé dans la ville des Cayes, il se vit attaqué à son tour, le surlendemain, sur tout le pourtour de la place. Cangé et Coco Herne pénétrèrent un instant dans l’intérieur, mais le pillage auquel se livrèrent leurs soldats, jetant le désordre parmi eux, ils furent chassés. Sur un autre point, le chef de bataillon Francisque avait repoussé l’ennemi des remparts sur lesquels il planta le drapeau indigène : une mitraille l’atteignit à la cuisse, et sa colonne