Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais, voyageant en toute célérité par la route d’Azua et de Saint-Jean, arrivé aux Papayes, entre Banica et Hinche, il rencontra le premier officier envoyé par le général Christophe, et bientôt après le second officier, qui lui apportaient la nouvelle de l’arrivée de la flotte devant le Cap, et des mesures que prenait ce général pour s’opposer à son entrée dans le port. Entre Saint-Michel et Saint-Raphaël, il joignit le général Dessalines à qui il donna des ordres, par rapport à l’apparition devant Saint-Marc, de l’escadre de l’amiral Latouche Tréville, qui portait la division Boudet au Port-au-Prince.

Des hauteurs du Grand-Boucan, il aperçut l’incendie du Cap, le 5 février, et se dirigea sur cette ville déjà évacuée, en allant jusqu’au fort Belair qui la domine. Rebroussant chemin, il ne tarda pas à rencontrer Christophe qui le suivit au Haut-du-Cap et à la barrière de l’habitation Boulard, sur la route de la Plaine-du-Nord. Se disposant à se rendre à D’Héricourt, il ordonna à Christophe de se porter avec sa troupe au Bonnet, canton de la Petite-Anse. Mais peu après, ce général reçut un feu des troupes françaises du général Humbert, qui l’obligea à abandonner son cheval pour se sauver à la nage dans la rivière du Haut-du-Cap. Poursuivant sa route avec l’adjudant-général Fontaine (l’ancien commandant de place à Jacmel, devenu son aide de camp), Marc Coupé et deux autres officiers, T. Louverture lui-même reçut le feu des troupes du général Hardy, qui marchaient sur le Cap : son cheval fut blessé.

Le gouverneur général de Saint-Domingue, qui y commandait en souverain, se vit ainsi contraint à fuir à travers champs, dans ce pays qu’il avait replacé sous l’autorité de la France, en restaurant ses colons dans tous leurs