Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arrêter et emprisonner aux fers, la mère de Lamarre, Madame veuve Pellerin, et toute sa famille. Ces femmes furent généreusement secourues par un autre colon nommé None, dont les démarches obtinrent ensuite leur mise en liberté.

Pendant qu’on exerçait ces rigueurs contre sa famille Lamarre était élevé au grade de colonel par Lamour Dérange qui vint au Petit-Goave le complimenter de sa victoire.

Le préfet Daure arriva au Port-au-Prince deux jours après le capitaine-général. Le 31 mars, après cette affaire et sur la connaissance acquise des faits qui s’étaient passés dans la plaine des Caves, il écrivit une lettre au ministre de la marine, dans laquelle nous avons remarqué ce passage : « Ce sont des soldats et non des cultivateurs, qui sont brigands à Saint-Domingue. Ils sont commandés par des officiers instruits, des mulâtres braves ; enfin, 50,000 noirs ou mulâtres sont armés contre nous. » Cet honnête fonctionnaire critiquait spirituellement le mot de brigands, appliqué aux hommes qu’on avait contraints à prendre les armes pour défendre leur liberté ; il avertissait le gouvernement consulaire de la difficulté, sinon de l’impossibilité, de soumettre désormais cette population : et alors, la paix d’Amiens n’avait pas encore été rompue !

En effet, l’amiral Bedout venait d’arriver au Port-au-Prince, le 29 mars, avec plus de 2,000 hommes. Toujours énergique, Rochambeau fit partir le général Brunet, le 6 avril, pour aller prendre le commandement des Cayes

    J’ai su ce fait par mon père, qui était alors dans cette garde nationale. Lespinasse était père lui-même de plusieurs mulâtres : peu de colons lui ressemblaient, malheureusement pour eux !