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et la haute direction de la guerre dans le Sud. Arrivé le 10 à Jérémie, Brunet conçut un beau plan de campagne qui, en réussissant, eût amené la déconfiture de Geffrard et de Férou.

Darbois se portait aux Baradères pour pénétrer dans la plaine des Cayes, par les montagnes de Cavaillon ; Marfranc devait y entrer par la route de Plymouth débouchant au camp Périn ; le général polonais Spithal et les adjudans-généraux Lefèvre et Bernard débarqueraient à Tiburon pour renouveler la marche de Sarrazin ; enfin, celui-ci sortirait des Cayes afin de compléter la manœuvre. Dans ce but, Brunet se rendit promptement dans cette ville.

Mais Geffrard ménageait assez d’intelligences sur tous les points pour être avisé à temps des projets et de la marche de l’ennemi. Il le prévint, en envoyant Gérindans les hauteurs de Cavaillon ; Coco Herne et Thomas Durocher ( noir de Jérémie qui s’était réuni à Geffrard avec des cultivateurs armés), dans la route de Plymouth ; et Férou, Jean-Louis François et Bazile, sur celle de Tiburon. Lui-même resta dans la plaine des Cayes pour faire face à Sarrazin.

Bientôt, les deux colonnes sorties de Jérémie furent battues. Le polonais Spithal avait été déjà frappé par la fièvre jaune et mourut à Tiburon. Brunet y envoya des Cayes l’adjudant — général Sarqueleux pour prendre le commandement de sa colonne. À son tour, il vint se faire battre dans la forte position des Karatas occupée par Férou : Bernard y perdit la vie, et Sarqueleux mourut aussi en arrivant aux Cayes avec les débris de ses troupes. Sarrazin fut cerné dans la plaine par Férou, après sa victoire ; il ne dut son salut qu’à une sortie opérée par Bru-