Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/416

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les montagnes, tout n’offre au Port-au-Prince épouvanté, que l’image d’un incendie général… »

Toutefois, le colonel Lux ne voulut pas rester spectateur passif de cette ruine ; il sortit de la Croix-des-Bouquets à la tête d’un bataillon de son corps ; mais cette fois il fut battu par les indigènes qui le contraignirent à rentrer au bourg, alors parfaitement fortifié et entouré de fossés.

Après leur promenade incendiaire, Gabart et Cangé rejoignirent le général en chef sur l’habitation Moquet, où il s’était rendu. De-là, il envoya le brave Montauban à la tête de la 7e qu’il commandait, pour intercepter un convoi qui allait de la Croix-des-Bouquets au Port-au-Prince ; mais arrivé trop tard sur la route, Montauban ne put effectuer cette capture. À son retour à Moquet, et sur la dénonciation de Germain Frère, qui avait marché avec lui, — d’avoir évité le convoi par lâcheté, — Montauban fut dégradé, remis simple grenadier ; et Philippe Guerrier, destiné à devenir un jour le chef du pays, fut nommé colonel de la 7e.

Le lecteur remarquera cet incident, provoqué par la délation de Germain Frère ; il fut cause d’une grande injustice envers un vaillant soldat, homme de bien dans toute l’acception du mot ; et Germain Frère persévéra dans ces sentimens honteux, pour induire Dessalines à des actes qui furent en partie cause de leur mort à tous deux.

Le Cul-de-Sac étant incendié, Dessalines voulut tenter la prise de la Croix-des-Bouquets. Dans ce but, il envoya Gabart et Cangé à la tête de quelques troupes, en continuant de rester au quartier-général de Moquet. Mais ces généraux apprirent bientôt qu’un convoi était parti du