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Dans ce mois de juillet, en effet, il y avait dans toute la colonie, 17,365 officiers et soldats français ; 11,795 étaient valides et 5570 étaient aux hôpitaux, où entraient incessamment de nouveaux malades[1].

Le 27, un nouveau préfet colonial arriva au Cap, venant de France : il se nommait Magnytot. Il apporta, il paraît, un arrêté du Conseil d’État établissant des chambres d’agriculture au Cap, au Port-au-Prince, aux Cayes et à Santo-Domingo[2]. Pour l’acquit de sa conscience, le capitaine-général fit publier cet arrêté devenu dérisoire dans la circonstance ; il en fut de même pour les lois du code civil qui venaient d’être promulguées dans la métropole. Il fit mieux, en offrant des lettres de marque à ceux qui voudraient armer des corsaires pour aller en course contre les navires de commerce anglais, et en prenant quelques autres mesures sur l’administration des boulangeries et des boucheries.


Tandis que Rochambeau se rendait au Cap, Dessalines prenait une route opposée : il partit pour la plaine des Cayes, afin de prendre aussi des mesures d’organisation. Avant de quitter le Cul-de-Sac, où il laissa ses troupes sur l’habitation Rocheblanche, il donna l’ordre au colonel Guerrier principalement, et à Destrade, chef d’un bataillon de la 3e, de chercher le moyen d’arrêter Lamour Dérance. Dans ce but, il écrivit une lettre à celui-ci, en lui disant qu’il lui confiait le commandement de son armée en son absence[3]. Lamour ne tarda pas à se ren-

  1. Nous avons lu un état officiel constatant ces chiffres.
  2. Il a été déjà fait mention de cet acte à la page 463 de notre 4e volume : il fut rendu le 12 mars.
  3. Mémoires de Boisrond Tonnerre. On peut admettre le fait de cette lettre, qui n’était qu’un piège, et non pas ceux que nous avons réfutés plus avant.