Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/434

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d’agir avec vigueur contre l’ennemi : sa lettre à Gérin désapprouvait en termes trop sévères la faculté accordée par Geffrard d’approvisionner la garnison des Cayes, ce qui en ajournait la prise ; mais elle ne prouve pas qu’il était jaloux de ses succès ; les regrettables soupçons qu’il conçut contre lui deux années après, ont été occasionnés par d’autres causes, d’autres circonstances.


Au commencement de septembre, le Fort-Liberté étant cerné par les indigènes et bloqué par les Anglais, le général Dumont, qui défendait cette place, fit proposer à Toussaint Brave une entrevue qu’il accepta. Le but de Dumont était d’obtenir qu’il consentît à ouvrir un marché pour procurer des vivres à la garnison. À ses premières paroles, il fut arrêté et garotté ; on l’amena dans la paroisse du Trou. Toussaint Brave viola ainsi le droit des gens à l’égard de son ennemi ; mais heureusement, il ne conçut pas même l’idée de son meurtre : il crut qu’en s’emparant de la personne du chef de la garnison française, il obtiendrait de celle-ci l’évacuation de la place, et il lui fit savoir que Dumont serait renvoyé, si elle y consentait. Ces braves gens refusèrent avec raison, en exigeant le renvoi préalable de leur général.

En ce moment, un navire de guerre anglais pénétra dans la baie du Fort-Liberté, après avoir contraint le fort Labouque à amener son pavillon. Attaquant un bâtiment français qui était dans le port, avec un équipage réduit par la fièvre jaune, celui-ci se rendit également, et entraîna la soumission de la garnison non moins affaiblie. John Bligh, commandant du vaisseau anglais, apprit alors la traîtreuse arrestation du général Dumont ; et considérant sans doute que la résistance des Français eût été