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peu à les pourchasser des environs de cette ville. N’ayant que peu de comestibles dans la place, l’administration devant cinq mois de solde à l’armée, il voulait satisfaire la garnison, et en même temps payer quelques farines que des navires américains avaient introduites.

Le 1er brumaire (24 octobre), il ordonna un emprunt forcé de 800 mille francs sur tous les habitans du Cap, principalement les blancs. Il taxa lui-même huit des négocians qu’il suspectait, à payer chacun 33 mille francs, en chargeant le conseil de notables de taxer tous les autres. Ceux nommés ci-dessus opposèrent quelques difficultés, les trois autres se soumirent. Aussitôt, Rochambeau fit emprisonner les récalcitrans, et Fédon fut mis au secret : il lui en voulait davantage. L’ordre de payer la contribution ne fixait que deux heures. Allard, Hardivilliers et Brassier, une fois emprisonnés, firent payer et obtinrent leur élargissement ; mais Allard en devint fou. Quant à Fédon et Wantron, ils étaient réellement dans l’impossibilité de réunir la somme exigée. Le premier avait un frère, Barthélémy Fédon, qui était son associé ; lorsque l’ordre d’emprisonnement fut donné, on s’était trompé en croyant que c’était de lui qu’il s’agissait, et il avait été incarcéré ; mais il fut bientôt élargi.

Apprenant que l’adjudant-général Néraud, commandant de la place et de la garde d’honneur de Rochambeau, avait donné l’ordre au chef d’escadron Collet, de la gendarmerie, de fusiller son frère, — Barthélémy Fédon alla au conseil de notables offrir de livrer toutes les marchandises qu’ils avaient dans leur magasin pour payer la somme. L’ordonnateur Perroud (notre ancienne connaissance de 1796) fut lui-même auprès de Rochambeau, lui donner l’assurance de la pénurie de Fédon, en