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l’ont pas vu un seul instant abandonner le terrain qu’il gagnait.

Le général Clervaux eut une de ses épaulettes enlevée par une mitraille, et le général Vernet un cheval blessé sous lui.

Le général Jean-Philippe Daut, qui conduisait la 10e et la 4e dont la réputation est faite, ne pouvait que se distinguer avec de pareilles troupes. »

À 6 heures du soir, Dessàlines se porta sur la position de Charrier ; envoyant Clervaux avec une seule épaulette, il lui dit : « Clervaux, tu es aujourd’hui le commandant de mes généraux ; » par allusion au chef de bataillon qui n’en porte qu’une seule. Ce mot d’éloge avait autant le mérite de l’à-propos que d’une vérité de fait ; car Clervaux était le plus ancien général de l’armée, après Dèssalines.

Lorsque le cheval de Capois fut tué, il fut lui-même renversé ; mais se relevant aussitôt, le sabre au poing, il s’écria : « En avant ! en avant !… De grandes acclamations retentissent du côté de l’habitation Vertières ; l’on distingue les cris de : bravo ! bravo ! sortant de la garde d’honneur de Rochambeau, spectatrice du combat. Un roulement se fait entendre ; le feu des Français cesse, et un cavalier se présentant devant le pont, « dit aux indigènes : — Le capitaine-général Rochambeau envoie son admiration à l’officier général qui vient de se couvrir de tant de gloire. — Le hussard français se retira, et le combat recommença avec une nouvelle fureur[1]. »

Et lui, ce fier Dessalines qui a fait un si bel éloge de ses

  1. Histoire d’Haïti par M. Madiou, 1. 3, p. 86.