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nouveau au chef du pays. C’était naturellement aux généraux de l’armée à manifester leur vœu à cet égard, comme ils avaient, paru avoir consacré celui de gouverneur général. En les réunissant en assemblée, l’apparence de la légalité fût restée à cet acte ; mais on a vu, par la lettre adressée à Pétion, et probablement à tous les autres, que leur présence dans leurs commandemens respectifs devenait urgente pour activer les travaux des fortifications. On adopta donc un autre mode : un acte revêtu de leurs signatures, prises isolément et sans délibération préalable entre eux, pouvait atteindre le but ; il fut rédigé. Trois copies en furent faites : l’une pour la division du Nord, l’autre pour la 1re division de l’Ouest (l’Artibonite), et la troisième pour la 2e division et la division du Sud.

Le 14 août, le gouverneur général adressa à Pétion la lettre suivante, qui fut probablement analogue à celles adressées à H. Christophe et à Gabart ; car il paraît qu’il n’écrivit pas à Geffrard.

Le gouverneur général, au général Pétion.

J’expédie près de vous, mon cher général, un de mes aides de camp porteur d’une pièce qui demande votre signature, si vous le jugez à propos. Vous la ferez signer par les généraux et chefs de corps de votre division.[1]

  1. M. Madiou prétend que cette pièce était « une pétition par laquelle le peuple et l’armée demandaient que la forme du gouvernement fût changée, et que le titre d’Empereur fût donné au Gouverneur général » T. 3, p. 169. Mais dans cette lettre, il n’est pas question de peuple. Nous pensons que la pièce dont il s’agit était celle qu’on va lire ci-après, l’acte même qui déférait ce nouveau titre. Et d’ailleurs, la forme du gouvernement ne changeait pas pour cela ; le gouvernement impérial ne fut toujours qu’une dictature militaire : il ne fut pas non plus une monarchie, comme le dit M. Madiou (t. 3, p. 175). Une monarchie est nécessairement accompagnée de la noblesse. La